Obésité infantile

On estime aujourd’hui que 15 à 18 % des enfants français sont obèses et 2/3 de ces enfants seront des adultes obèses.

Comme chez l’adulte, c’est une maladie multifactorielle qui associe facteurs génétiques et facteurs environnementaux, avec en tout premier lieu de mauvaises habitudes alimentaires et un mode de vie sédentaire.

 

I] Epidémiologie

 

  •  L’obésité essentielle:

Dans 90 % des cas de l’obésité de l’enfant, l’obésité est dite « essentielle » car elle n’est pas secondaire à un trouble hormonal, ni à une anomalie génétique bien définie. Les facteurs influençant le risque d’obésité chez l’enfant sont :

– L’obésité parentale et l’éducation alimentaire

Ils sont les 1ers facteurs de risques et sont quasiment constants.

Le parent obèse n’a pas de regard critique vis-à-vis de l’enfant obèse.

C’est généralement une problématique d’habitudes alimentaires familiales.

L’éducation alimentaire parentale sur les quantités proposées aux enfants (généralement trop importantes), sur la qualité des repas (hyperénergétique) et sur le rythme alimentaire (souvent aucun rythme dans l’obésité de l’enfant, avec des grignotages permanents, peu de repas pris en commun, majoritairement devant la télévision) est donc nocive.

Il existe aussi un autre problème : la méconnaissance de la préparation des plats. Les enfants ne savent pas comment se préparent les mets qu’ils consomment, ce qui les déstabilise lorsqu’ils préparent eux-mêmes leur repas.

– L’absence des parents

L’absence d’implication affective et éducative des parents est un facteur favorisant de l’obésité de l’enfant : il n’y a pas d’éducation alimentaire mais une réparation affective par l’alimentation.

Il y a donc des risques plus importants pour les enfants de parents séparés qui ont généralement moins de temps à accorder à leurs enfants.

On pourra constater une hyperphagie par des aliments hyperénergétiques.

– Une sédentarité accrue

L’enfant obèse n’a généralement pas d’activité physique extrascolaire, c’est d’ailleurs un phénomène discriminant de l’obésité.

Il existe aussi une corrélation positive entre le temps passé devant la télévision et l’obésité.

A l’école, on constate plus d’échec scolaire chez les enfants obèses.

– L’histoire du poids

Il existerait une corrélation entre le poids de naissance de l’enfant et un surpoids ultérieur : un bébé de plus de 4 kg (« gros bébé » = macrosomie fœtale) entrainerait plus de risques d’obésité.

Le rebond d’adiposité est une remontée physiologique de la courbe de croissance s’effectuant d’ordinaire vers 5 à 6 ans.

Dans le cas de l’obésité de l’enfant, on constate généralement ce rebond plus précocement et une courbe de croissance plus rapide avec une augmentation du poids trop importante.

Enfin, l’allaitement maternel a toujours été cité comme facteur de protection de l’enfant contre l’obésité, mais une enquête récente contredit cette théorie.

  •  L’obésité syndromique de Prader-Willi:

Elle est due à une anomalie génétique et est caractérisée par une obésité très sévère qui associe le retard psychomoteur, un retard statural et des anomalies somatiques, essentiellement du squelette : déformation de la colonne vertébrale, une polydactylie, ou bien au contraire une fusion des phalanges (aspect palmé des extrémités).

  •  Obésité secondaire à un déficit hormonal:

Elle se caractérise par une cassure de la courbe staturale tandis que dans l’obésité essentielle, la vitesse de croissance staturale est normale.

 

II] Prise en charge de l’enfant

Elle est obligatoirement multidisciplinaire et a pour objectifs :

– une stabilisation de l’IMC

– une modification de l’alimentation et de l’hygiène de vie (nécessite l’adhésion de la famille au traitement)

– une augmentation de l’activité physique (nécessite une motivation de l’enfant ET de la famille : coût, transport, …)

– une connaissance de la physiopathologie de l’obésité de l’enfant.

Les acteurs de cette prise en charge de l’enfant et de la famille sont :

– le médecin traitant qui a pour rôle le dépistage de l’obésité et le suivi de sa prise en charge

– le diététicien qui assure la prise en charge alimentaire

– le psychologue s’il est nécessaire pour l’enfant et/ou la famille

– Un médecin du sport peut être sollicité en cas d’obésité morbide pour assurer le réentrainement d’un enfant totalement sédentaire

– un kinésithérapeute peut aussi participer à la prise en charge pour le même rôle

– une assistante sociale qui peut permettre la mise en place de toutes ces actions dans un milieu très défavorisé

Par principe, on n’utilisera pas de médicaments dans la prise en charge de l’enfant, la prise en charge portera majoritairement sur la modification des habitudes de vie.

 

NB : On constate généralement un retard pubertaire chez l’enfant obèse.