Phénylcétonurie

La phénylcétonurie est une maladie métabolique héréditaire de type autosomique récessive, liée au déficit d’une enzyme (la Phénylalanine Hydroxylase ou PAH), ce qui entraîne une hyperphénylalaninémie.

 

I] Métabolisme de la Phénylalanine et de la PCU 

Le métabolisme normal de la phénylalanine est le suivant :

PAH (foie)

Phe ————->Tyr-—-> Elaboration de la dopamine

(=neuromédiateur sédatif)

ou bien —> Elaboration de la mélanine

(= pigmentation du sujet).

 

  • Le métabolisme de la PCU entraine des modifications du métabolisme de la Phénylalanine :

La forte augmentation de Phénylalanine est corrélée à un effondrement de la Tyrosine puisque la PAH ne joue pas son rôle de transformation. Il y a alors une baisse considérable de la Dopamine et de la Mélanine. En revanche, l’acide phénylpyruvique augmente, ainsi que les dérivés phénylpyruviques, extrêmement toxiques pour le système nerveux central, pouvant engendrer un retard mental profond et irréversible. Les dérivés phénylpyruviques sont éliminés dans les urines sous forme de Phénylcétonurie.

NB : Le tétrahydrobioptérine (BH4) qui est un cofacteur est actuellement étudié comme piste de traitement sous forme d’essais cliniques.

 

II] Epidémiologie

La PCU a une incidence de 1/17 000 naissances.

Ce sont souvent des parents hétérozygotes non-malades, ignorants qu’ils portent la maladie.

Les scientifiques ont déjà mis en évidence 500 mutations génétiques à l’origine de la PCU, apparues sur un gène du chromosome 12.

 

III] Clinique

Elle apparaît chez des enfants non-dépistés, non-traités, c’est-à-dire lors de naissances en dehors de tout circuit sanitaire.

Elle se caractérise par :

Encéphalopathie progressive sévère due aux dérivés phénylpyruviques

Retard dans les acquisitions psychomotrices précoce, net dès 6 mois

Trouble du comportement avec automutilation, agressivité, traits psychotiques

Très grande agitation chez le tout petit, pleure beaucoup, dort extrêmement peu

Microcéphalie : très petite tête

Croissance staturo-pondérale conservée

Epilepsie : crises convulsives liées au déficit en Dopamine

Eczéma : exanthème suintant

Odeur caractéristique de « nichée de souris » très forte dans les urines

Hypopigmentation : enfant pâle, cheveux blonds/blancs, yeux anormalement bleu clair

 

IV] Dépistage

Le dépistage de tous les nouveaux nés est systématique en France (taux de couverture national > 99%).

Il est néonatal, au 3ème jour de la vie de l’enfant car l’alimentation a déjà débuté, avec l’apport de protéines notamment.

Le test bactériologique de Guthrie  consiste en une prise de goutte de sang au talon, recueillie sur papier buvard. Il est simple, peu cher. En comparant à des disques témoins, on peut remarquer une inhibition de la pousse de Bacillus subtilis levée par la phénylalanine et donc une augmentation du diamètre du disque en cas de PCU. Au 5ème jour, les résultats arrivent.

Si le test de Guthrie est positif, l’enfant sera traité à partir du 10ème jour et on effectuera un test fluorimétrique ou analyse spectro afin de confirmer le diagnostic. Il consiste en un dosage de la

PAH Elaboration de la Dopamine (= neuromédiateur sédatif)

Phe Tyr

(foie) Mélanine (= pigmentation du sujet)

phénylalanine dans le sang de l’enfant (doit être inférieure à 4 mg/dl).

Ce test est très sensible et très coûteux.

 

V] Traitement

Le traitement est diététique avec un régime d’exclusion des protéines et donc de la phénylalanine, enrichi en tyrosine.

Le régime est végétarien strict jusqu’à 10 ans avec pour objectif de maintenir une phénylalaninémie entre 2 et 5 mg/dl (100 ml).

Il n’y aura plus de problème après la fin de la myélinisation.

 

VI] Cas particuliers 

Exemple d’une femme atteinte de PCU qui désire un enfant.

Après l’élargissement de son régime alimentaire, sa phénylalaninémie est entre 10 et 15 mg/dl.

Un taux anormalement élevé pendant la grossesse, sans régime adapté peut entraîner des embryofœtapathies non-traitables (retard de croissance intra-utérine, atrésie œsophagienne, …).

La conduite à tenir est donc :

3 mois avant la conception : revenir sur un régime végétarien strict pour obtenir une Phe < 5 mg/dl

Sur toute la grossesse : maintenir le régime

 

NB : Tous les sujets atteints de PCU doivent être contrôlés tout au long de leur vie, surtout les jeunes femmes compte tenu du risque pendant la grossesse.